Kisaburo OSAWA, Dojocho de l’Aïkikaï Hombu Dojo

Par Nicolas DE ARAUJO

 

 

Kisaburo Osawa, fut une figure éminente de l'Aïkikai Hombu Dojo. Shihan 9ème dan, il fut l'un de ses professeurs les plus importants. Mentor de nombreux Shihans japonais, il laissa une empreinte indélébile sur les générations montantes des années 50 aux années 70. En tant qu’administrateur en chef du Hombu Dojo, il fut un dirigeant influent et respecté, fidèle conseiller de la famille Ueshiba. Il guida en toute discrétion et avec la plus grande diplomatie la politique de l'Aikikai, contribuant à maintenir et renforcer sa position centrale dans le monde de l’Aïkido. A ces égards, l’Aïkikaï lui décerna le grade de 10ème Dan à titre posthume.

Biographie parue dans le magazine Self & Dragon Spécial Aïkido n°17 - Avril 2024.

 

Une jeunesse difficile

Kisaburo Osawa (大澤喜三郎) voit le jour le 28 décembre 1910 à Kumagaya, un petit village situé dans la préfecture de Saitama. Issu d'une famille démunie, il grandit dans la pauvreté et développe dès sa jeunesse le gout pour le combat et les arts martiaux. A l’âge de 18 ans, il quitte son village natal pour aller vivre à Tokyo. Ne recevant aucune aide financière de sa famille, il doit s’assumer seul et travailler dur. En ce début d’ère Showa, Kisaburo doit faire preuve de persévérance pour s’établir professionnellement dans cette période de chômage et de bas salaire. Malheureusement, il contracte une pleurésie et se voit contraint au repos pour ne pas mettre sa santé en péril. Kisaburo décide alors de retourner vivre dans son village natal. Là-bas, il marche tous les jours sur des sentiers de montagne et fait la rencontre d’un grossiste en librairie qui l’initie à la littérature du socialisme et de la philosophie. Guéri après plusieurs mois de repos, il décide de repartir à Tokyo pour aider cet homme malgré l’avis contraire de ses parents.

 

La pratique des arts martiaux

Bien qu’il travaille quotidiennement chez ce grossiste, de 8h à 22h, le jeune homme ambitionne fortement de pratiquer le Judo. Déterminé à renforcer son corps, malgré les recommandations des médecins qui le suive, il se lance dans l’étude du Judo en pratiquant chaque matin, au dojo Noguchi de Shinjuku, avant d’aller au travail. Après 4 années de pratique, il intègre le célèbre Kodokan Dojo. Sa persévérance le conduit à obtenir sa ceinture noire à l’âge de 25 ans. Impatient de vouloir devenir fort, le jeune homme reste insatisfait par l’étude du Judo et décide d’arrêter sa pratique. Il explore d’autres disciplines telles que la boxe, qu’il pratique pendant quelques temps avant d’arrêter également. Par la suite, il rejoint un club d’équitation par l’intermédiaire d’un ami militaire. Blessé, Kisaburo est alors soigné par un médecin qui lui conseille de rencontrer le maitre Morihei Ueshiba.

 

Le Kobukan dojo

Bien que l'accès au dojo d’Ueshiba Sensei soit initialement réservé à la noblesse et à des hauts gradés de l'armée, Kisaburo parvient à l’intégrer grâce à une lettre d’introduction du docteur qui l’a soigné. Il fait ses débuts au Kobukan Dojo en 1939. Immédiatement fasciné par la virtuosité du Fondateur, il s’entraîne avec grand intérêt à son art, l’Aïki-Budo. Âgé de 29 ans, Kisaburo partage la vie des Uchi deshi du fondateur. A leur instar, il s’entraîne dur et apprend aussi de ses sempais, notamment Kenji Tomiki Sensei. Par la suite, Kisaburo devient l’un des principaux disciples de maître Ueshiba et lui sert d’assistant (Otomo) dans ses missions d’enseignement.

 

La seconde guerre mondiale

Dans un Japon pris dans la tourmente de la guerre, le Kobukan Dojo se vide de ses jeunes disciples au fil des mois. Epargné par la conscription dans l’armée impériale nippone, Kisaburo est chargé d’assister maître Ueshiba dans son enseignement à l'académie de la Police Militaire, la Kenpei Gakko. Considérant les applications pratiques de l’Aïki-Budo, les dirigeants de cette prestigieuse académie militaire décide de l’inclure dans son cursus officiel à partir de 1941. Après le retrait du Fondateur à Iwama en 1942, Osawa soutien son fils Kisshomaru, resté à Tokyo pour préserver le Kobukan dojo. En proie aux flammes à plusieurs reprises à la suite des bombardements des forces américaines, les deux hommes parviennent à sauver le dojo au péril de leurs vies. Cette période particulièrement difficile démontre le dévouement sincère de Kisaburo envers la famille Ueshiba.

 

Pilier de l’Aïkikai après-guerre

Si la plupart des meilleurs disciples de maître Ueshiba d'avant-guerre ont dû interrompre leur entrainement seuls quelques-uns ont repris la pratique après le conflit. Parmi ses étudiants expérimentés, Kenji Tomiki, Gozo Shioda, Koichi Tohei, Shigenobu Okumura et Kisaburo Osawa participent activement au développement d’après-guerre de l’art du fondateur désormais dénommé Aïkido. Osawa Sensei reprend la pratique au Hombu Dojo de Tokyo et devient l’un de ses instructeurs séniors. Promu au grade de Shihan 8ème dan dans le milieu des années 50, il dirige des cours réguliers. Bien qu’il soit de petite taille et de corpulence maigre, sa pratique du Judo et de la Boxe occidentale a fait de lui un homme à la stature solide. Son style se caractérise par des mouvements légers et gracieux qui guide le partenaire avec fluidité.

 

Années 60 - Instructeurs du Hombu Dojo

 

Administrateur en chef du Hombu Dojo

Bien qu’il soit de dix ans son ainé, Osawa Sensei est au service de Kisshomaru Ueshiba, le fils du fondateur. Homme respecté pour sa sagesse et pour son sens de la diplomatie, Kisaburo Osawa officie comme son proche conseiller et partage avec lui une relation de confiance à la tête de l’Aïkikaï. Le nouveau bâtiment du Hombu Dojo ouvre officiellement ses portes en janvier 1968. Après la cérémonie, des démonstrations sont données par O Sensei, Kisshomaru Ueshiba, Koichi Tohei, Kisaburo Osawa et Morihiro Saito devant 1200 personnes venues de tout le Japon pour célébrer cet événement. En avril 1969, quelques jours avant son décès, maître Ueshiba appelle à son chevet ses principaux élèves dont Kisaburo Osawa pour leur demander de « que tout le monde reste ensemble et apporte tout son soutien à Kisshomaru ». Après le décès du fondateur, Kisshomaru Ueshiba succède à son père et devient le gardien de la voie (Doshu). Bras droit du nouveau Doshu, Osawa Sensei est nommé administrateur en chef de l’Aikikai Hombu Dojo (Dõjõchõ) et est promu au grade de 9ème dan. Son soutien envers le fils du fondateur est déterminant car cela le soulage de la supervision du fonctionnement du Hombu Dojo et de la gestion des aspects administratifs.

 

Ambassadeur de l’Aïkikai 

Au cours des années 70, Osawa Sensei devient l'un des principaux décideurs de l'Aïkikai pour les affaires tant nationales qu'étrangères. Éminence discrète et fidèle à la famille Ueshiba, maître Osawa préfère agir en coulisse en privilégiant le tact et des négociations avisées dans la gestion des affaires. Son sens de la politique et de la diplomatie ont permis à l’Aïkikaï de surmonter ses conflits internes, notamment le schisme provoqué par le départ de Koichi Tohei en 1974. Son rôle d'ambassadeur de l'Aïkido se concrétise lors de son premier voyage aux États-Unis, en avril 1975, pour rendre notamment visite aux maîtres japonais Yoshimitsu Yamada, Akira Tohei et Mitsunari Kanai. C’est le début d'une série de déplacements internationaux qui voit la renommée d'Osawa Sensei s'étendre au-delà des frontières du Japon. Par ses actions, il contribue fortement à l’expansion mondiale de l’Aïkikai lui permettant de passer de quelques centaines à un million de pratiquants en quelques décennies seulement. Sa contribution au développement des arts martiaux est récompensée par la remise de la médaille du Nihon Budo Kyogikaï, l’association pour les arts martiaux traditionnels japonais.

 

Dernières années et héritage

En 1986, Kisaburo Osawa cède son poste de Dõjõchõ au fils du Doshu, Moriteru Ueshiba, tout en conservant son titre de proche conseiller (Doshu Hosa). Après une vie dédiée à l'Aïkido, il rend son dernier soupir le 26 mai 1991, à l'âge de 90 ans. Fait rarissime, l’Aïkikaï lui décerna le grade de 10ème Dan à titre posthume le jour de son décès. Osawa Senseï, fut l'un des principaux dirigeants et enseignants du Hombu dojo de l'Aïkikaï pendant plusieurs décennies. Au cours de la période allant des années 50 au milieu des années 80, il fut le professeur de nombreux Shihans du Hombu Dojo et exerça une grande influence technique et spirituelle sur ces différentes générations de jeunes maîtres. Il influença notamment les maîtres Nobuyoshi Tamura, Kenji Shimizu, Katsuyuki Shimamoto et Shoji Seki. Maître Osawa était un pratiquant du Bouddhisme Zen japonais de l’école Sōtō et fut un disciple de Kodo Sawaki, le maître de Taisen Deshimaru. Son fils, Hayato Osawa, Shihan 8ème Dan, est actuellement l’un des principaux instructeurs du Hombu Dojo. Débutant la pratique dès l'âge de 8 ans, il servit d’otomo pour le Doshu, Kisshomaru Ueshiba. À travers son action et son soutien au Doshu actuel, Hayato perpétue l’héritage de son père au sein de la famille Osawa.

 

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